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La lumière et l'espace de Noël

Blog de : fabrice

Pour Noël, voici quelques images tirées de mon livre Transformez votre vie grâce au Bouddha.

En effet Noël est un double moment — la fête de la lumière et la fête de l'espérance.
C'est le moment où les jours sont les plus courts, où la nuit gagne sur la lumière. C'est pour chacun de nous une épreuve profonde. Nous entrons en contact avec ce qui en nous s'affaiblit, s'obscurcit et doit s'effacer.
Et dans le même temps, cette épreuve est portée par une espérance profonde : la lumière va revenir.
C'est le moment de se demander quelle lumière j'attends. Quelle est la lumière que je souhaite voir éclairer le monde ?
C'est d'autant plus important de répondre à ce type de questionnement que notre époque sait peu entendre le sens profond de l'espérance. Nous vivons soit dans le renoncement et le cynisme, soit dans l'envie et l'obsession des résultats.
Je voudrais que ces images soient comme autant de formes de méditation qui vous permettent de trouver en vous le chemin de la vraie lumière.

C'était en un sens mon ambition en réalisant ce livre. Pendant longtemps, les représentations du Bouddha ne m'ont pas du tout parlé. Je n'y voyais justement que des images. Des images dans la masse des images qui ne cessent de se répandre partout et qui ne font signe vers rien.
J'étais aussi un peu victime de notre idée que les représentations du Bouddha sont des sortes d'idoles, des représentations d'un Dieu que ses adeptes prient, croyant naïvement que ce dieu habite un morceau de bois ou de pierre.
Je n'y voyais donc aucune lumière — et peu de rapport à la pratique de la méditation.
Et puis, un jour, j'ai vu que certaines représentations du Bouddha particulièrement belles, portaient une lumière pour notre monde — une lumière que chacun peut découvrir au cœur de la méditation. Car au fond, je crois aujourd'hui que méditer c'est apporter de la lumière dans le monde.
Il suffit de s'arrêter. De simplement laisser ces images irradier et vous toucher.

Le visage du Bouddha

Les représentations du Bouddha ne cherchent pas à nous présenter le visage d'un homme historique. Nous ne savons d'ailleurs rien de son apparence réelle. C'était probablement un homme au corps mince et nerveux, mais solide et résistant. Son teint devait être hâlé par la vie au grand air et sans doute même assez foncé. Son crâne n'était pas garni de cheveux ondulants mais certainement soigneusement rasé pour obéir à la règle qu'il avait lui-même édictée.
En fait, sa représentation est une description de la beauté de sa présence. Elle est essentiellement symbolique. La protubérance crânienne (ushnisha) du Bouddha symbolise ses pouvoirs mentaux, la touffe de poils entre les sourcils (urna) sa sagesse. Sa poitrine est forte comme celle d'un lion ; ses lobes sont allongés parce que jadis, lorsqu'il était un prince, il portait de lourdes boucles. Désormais vides, ses lobes témoignent du renoncement qui est le sien. Empreint d'une profonde sérénité, son visage garde une éclatante juvénilité.
Car toute personne qui pratique fait l'épreuve de l'esprit de la jeunesse.
L'image ici choisie est typique de l'art du Gandhâra, région qui s'étend dans les actuels Pakistan et Afghanistan où apparut pour la première fois une représentation du Bouddha. Cet art fut marqué, comme ce visage en témoigne, par l'influence des formes hellénistico-romaines, et le Bouddha a ici un air qui rappelle le dieu grec Apollon.

Le Bouddha, critique de son temps 

Les premiers disciples du Bouddha furent des moines. Le Bouddha ne tenant aucun compte des castes, on trouvait parmi eux aussi bien un barbier, Upali, que le roi de Maghada. Tous les hommes pouvaient devenir ses adeptes s'ils désiraient marcher sur la Voie.
La communauté comprenait aussi des femmes. Cinq ans après l'Éveil, la tante du Bouddha lui avait en effet demandé d'être ordonnée. Elle s'était fait raser le crâne, avait pris l'habit monastique et, suivie de cinq cents femmes, avait rejoint le Bouddha. En donnant aux nonnes un statut analogue à celui des moines, le Bouddha allait à l'encontre des idées de son temps. Dans l'Inde brahmanique, la femme n'avait en effet pas le droit de réciter les textes sacrés ni celui de les apprendre.
En dénonçant très vite les castes et en affirmant que tous, hommes ou femmes, brahmanes ou membres des castes inférieures, peuvent entrer dans la Voie, le Bouddha agit de façon révolutionnaire.
Et s'il venait aujourd'hui, que dénoncerait-il ? Qu'est-ce qui nous empêche aujourd'hui d'entrer dans la Voie ? Je crois pour ma part que c'est notre obsession du profit et notre envie que tout soit géré, efficace et rentable. Je pense souvent que si le Bouddha venait aujourd'hui, il dénoncerait la cupidité qui nous conduit à détruire la terre et à réduire les êtres humains à des « ressources » qu'il faut gérer comme on gère des stocks.
Méditer, c'est aujourd'hui trouver une véritable espérance — celle que notre monde trouve un autre rapport à ce qui est, un rapport non instrumental mais réellement bienveillant, soucieux de libérer ce qui est

Quand le Bouddha est une femme

Il est fascinant de voir que le Bouddha est devenu à certains moments et dans certains pays un être féminin. Le Bouddha est alors l'intelligence nue, l'intuition de la nature ultime de la réalité, ouverture nue. Et, en effet, c'est uniquement dans cette ouverture entière que le Bouddha, c'est-à-dire la présence et la bienveillance, l'écoute et la douceur, peuvent naître.
La lumière dont notre monde a besoin a beaucoup à voir avec la reconnaissance de cette ouverture primordiale qui est toute jaillissante.

Alléger la souffrance du monde 

Ce que nous montre le Bouddha c'est aussi le visage de l'amour le plus ardent. Prenez le temps de contempler la souffrance du monde. Pensez à tous les êtres qui souffrent en ce moment : ceux qui sont malades, ceux qui sont isolés, ceux qui sont maltraités, ceux qui n'ont pas de quoi manger. Il ne s'agit pas de se punir, mais de tourner votre coeur vers tous les êtres et de faire naître le désir ardent de les aider.
Lorsque nous nous détournons de la souffrance et que nous restons centrés sur nous-mêmes, la vie s'étiole. Nous accomplissons des actes que nous regrettons. En réalité, prendre simplement conscience des souffrances et des difficultés d'autrui permet à l'amour et à la compassion de naître spontanément en nous.

Fabrice Midal Ecole Occidentale de Méditation