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L'état d'éveil ou les tas d'éveils

Blog de : Nicolas Chang

Lucidité et éveil

Notre monde soi-disant ?réel? est plongé dans un sommeil qui semble bien être un cauchemar pour certains et un doux rêve pour d’autres. Les gens normaux pensent qu’ils sont éveillés durant la journée et qu’ils dorment normalement la nuit, mais ils ne sont pas éveillés, ils survivent dans l’illusion d’un monde temporaire qui leur donne une impression de réalité et quand ils meurent ils continuent à dormir. Celui qui est éveillé va obtenir une vue encore plus claire lors de sa mort.

Les méthodes pour atteindre l’éveil sont nombreuses mais aucune ne donne la moindre facilité pour arriver à un état de paix intérieure et de sérénité. En fait le travail du bonheur de vivre est un très dur labeur, surtout dans un monde où l’on est constamment attiré par un système de consommation à grande échelle. Il s’agit d’un effort surhumain que d’arriver à se satisfaire de ce qui est vraiment nécessaire, car l’illusion mondaine et son attraction est tellement bien faite qu’on tombe très facilement dans le piège des désirs d’acquisition de biens matériels.

Les arts martiaux nous donnent une possibilité d’approcher l’état d’éveil, pour autant que nous en comprenions le sens de leur pratique dans cet objectif.

La quête de la performance de l’art martial traditionnel n’est pas de développer des applications martiales parfaites, car depuis l’invention des armes à feux, ces arts anciens ont pris un coup de vieux. Ainsi il a fallu revenir à l’origine de ces pratiques ancestrales qui constituaient à atteindre l’éveil, ou plus prosaïquement devenir un bouddha (éveillé).

L’état d’éveil est un mystère pour nous autres humains dit ?normaux?, car notre réalité matérielle nous enferme dans un sommeil à feux doux.

Nous pouvons approcher l’éveil en pratiquant certains rituels ou en ayant la chance de faire des rêves lucides, mais il semble qu’il n’y ait pas vraiment de techniques normalisées fondamentales pour que tout le monde y parvienne. Cette dure réalité de sélection naturelle rappelle qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus et que nous devons nous contenter de notre illusion (pour l’instant en tous cas).

On peut comprendre l’éveil comme le fait d’être dans la fréquence cérébrale du sommeil profond (delta) tout en étant ici présent en toute conscience dans ce bas monde. Il semble que seuls les bouddhas ou les malades mentaux peuvent faire cette expérience, malheureusement, car pour la plupart d’entre nous cette fréquence cérébrale n’est atteignable que dans les phases de sommeil profond.

En dessous de bouddhas il y a les bodhisattvas (comme Bodhidharma, le Dalaï Lama, etc.), soit des places plutôt chères dans notre monde.

Dans le bouddhisme ancien du Shaolin, les Luo han (arhats) sont des saints qui représentent la hiérarchie en dessous des bodhisattvas, et qui semblent être des possibilités de statuts pour les aspirants que nous sommes.

En bref en tant qu’être humain normaux, nous sommes entre les saints et les animaux. L’idée du Karma et des réincarnations vient enrichir le paradigme de ce concept d’état d’éveil.

Une question fondamentale vient alors : « Pourquoi est-ce si difficile d’atteindre un tel degré de réalisation ? »

Sur les milliards d’êtres humains vivant en ce monde, il semble qu’aucun ne puisse atteindre ce niveau.

Cela viendrait-il du fait que notre compréhension du sujet n’est pas claire ?

Si nous nous disions que nous n’avons pas vraiment compris de quoi il s’agit, peut-être que les choses deviendraient plus simples.

Nous pouvons savoir une vérité qui est celle que nous avons tous l’habitude d’exagérer et de fabuler lorsqu’on parle de quelque chose de mystérieux ou de merveilleux. Si nous rencontrons un bouddha sur notre chemin, celui-ci sera pour nous un véritable extra-terrestre et l’expérience que nous vivrons à cet instant sera exceptionnelle au point que nous en fassions une histoire fabuleuse.

Le terme bouddha a été conçu pour définir les être éveillés du Kali yuga (âge de querelles et d’ignorance), soit notre époque ultra matérialiste. Ceci dit c’est maintenant que cela se passe ! Le problème est que nous croyons à quelque chose de différent et lorsque nous rencontrons un bouddha nous n’y croyons pas, car nous préférons continuer à dormir et vivre dans cette illusion de pseudo-réalité que nous offre cette époque marquée par l’hypocrisie et le mensonge.

Le Kali yuga est une opportunité pour atteindre l’éveil en une seule vie, c’est pour cela que l’art du guerrier propose des techniques issues du yoga pour changer de réalité.

Les bouddhas existent en ce monde, mais ils ne vont pas venir se présenter, car c’est à nous d’aller les rencontrer. Il y en a peu, certes mais il y en a.

L’état d’éveil devrait plutôt s’appeler « les tas d’éveils » car il y a beaucoup d’univers parallèles dans l’existence humaine et une seule doctrine ne pourrait jamais définir un tel concept. De plus, cet état ne semble pas être une possibilité constante chez un être vivant, car nous passons tous par des moments d’éveil et de sommeil sur le plan spirituel.

On ne peut pas devenir un bouddha par une décision personnelle ou un développement volontaire, c’est une grâce. Ce cadeau de la vie peut nous être attribué et retiré. L’état de bouddha est comme un accident de parcours sur le chemin de la vie. Vouloir l’acquérir nous rend fou et vouloir le conserver, encore plus fou. La seule chose à faire est de le transmettre au premier venu. Il s’agit de l’amour de l’existence, de la vie, du phénomène du bonheur sans condition.

L’ouverture de l’œil du cœur est possible pour nous autres humains, mais cette expérience nous demande de plonger dans l’inconnu et d’accepter les conséquences d’un changement qui ne plaira pas à notre ego, car les prévisions du cœur ne correspondent pas souvent à la raison. Ne dit-on pas : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ! »

Tant que nous croyons que notre intelligence se mesure par notre QI, nous restons enfermé dans un concept de la vie et passons à côté de l’expérience de vivre. Notre statut social et nos biens matériels ne valent rien en comparaison de la possibilité de goûter à l’expérience de ?vivre?. Cela n’est possible que maintenant !