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Le grand regard

L'un des disciples de Juneyd était particulièrement bien traité par son maître, ce qui ne manqua pas de susciter des réactions de jalousie. Les autres disciples se plaignirent des faveurs ainsi réservées à cet élu. La maître Soufi répondit ainsi:

- Mes chers amis, j'aime en effet cet homme là plus que vous tous. Il a atteint une plus haute et plus profonde compréhension. Vous ne me croyez pas ? Tentons une expérience.

Juneyd se fit apporter vingt poulets vivants, les distribua un par un et proclama:

- A présent, que chacun aille tuer son poulet en un lieu où personne ne le voie.

Tout revinrent peu après avec les volatiles égorgés. Tous sauf un : le préféré du maître. Lorsqu'il arriva, l'oiseau, bien vivant, picorait à ses côtés. On lui demande pourquoi il ne l'avait pas tué, et comment il avait osé désobéir à Juneyd.

Il se tourna vers celui-ci :

- Maitre, vous avez dit que le poulet devait être mis à mort en un lieu où personne ne nous voie. Je n'ai pu trouver un tel endroit, eussé-je dû fouiller les combles de l'univers pour accomplir cette tâche. Partout, je sentais sur moi l'ardeur de Son regard.

Extrait du Tazkirat ul-Awliya de Attar