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Le CICNS est-il "pro sectes" ?

Pour ce qui est des opposants aux sectes, tant qu’on ne leur sert pas la soupe en dressant des portraits calamiteux et en faisant des analyses négatives des groupes religieux minoritaires, ils nous considèrent comme des apologistes. Ils nous placent devant le dilemme totalitaire : si vous n’êtes pas contre, vous êtes pour.


– Régis Dericquebourg

 

Dans la guerre que se livrent ceux que l’on appelle gentiment les « antisectes » contre ceux que l’on appelle, - de façon beaucoup moins gentille et plus tendancieuse - les « prosectes »(1) se perpétue un mythe grossier induisant que les organisations comme le CICNS défendent les groupes sectaires, les criminels, qu’ils ne reconnaissent pas les délits, etc. Cette confusion volontairement entretenue mérite une mise au point, bien que l’énormité de l’accusation nous ait laissé croire, jusque-là, qu’elle était inutile.

L’équipe du CICNS est constituée d’individus qui aspirent à une société plus juste. La plupart d’entre eux constatent, de visu, que certains sujets sensibles sont extrêmement mal traités aujourd’hui : les minorités spirituelles subissent en France une persécution morale et policière sans équivalent depuis la chasse aux sorcières qui a sévi dans ce même pays jusqu’au 17e siècle et sensiblement comparable dans ses procédés au Maccarthysme du milieu du 20e siècle aux États-Unis.

La comparaison avec ces deux campagnes historiques pourrait être un enseignement pour tout le monde, dans la mesure où les excès de toute croisade ont tendance à ne pas être reconnus avant plusieurs années, voire plusieurs siècles, et que leurs défenseurs utilisent toujours les mêmes arguments pour justifier leur manichéisme (voir "le dilemme de l'inquisition" de Cohen et Steward). Il semble que ce souhait n’est pas près d’être réalisé, la balance penchant dangereusement du côté de la croisade aujourd’hui.

Le CICNS s’est donc créé comme un contre-pouvoir à la pensée unique. 

Notre constat : un amalgame est pratiqué entre spiritualité et criminalité. Des diffamations et violences verbales sont pratiquées quotidiennement depuis plus de 25 ans et les victimes de ces brutalités sont actuellement sans défense ( la Justice française est malheureusement, dans l'ensemble, elle-même victime de l’influence des médias qui diffusent complaisamment les rumeurs les plus odieuses, jouant sur les réactions émotionnelles du grand public).

Notre association a pu vérifier que la plus grande partie des accusations faites aux minorités spirituelles n’étaient pas fondées, que de graves abus ont été commis sur la base de rumeurs, de préjugés et d’amalgames qui laissent des centaines de personnes dans notre pays dans un état de traumatisme après des assauts militaires inouïs et a priori inimaginables dans un pays démocratique comme le nôtre (voir lestémoignages filmés sur notre site). Nous constatons également que l’ampleur des dérives de cette répression est telle que la somme des exactions de la chasse aux sectes est largement supérieure à celles imputées aux mouvements dits sectaires. 

En d’autres termes, les méfaits sont aujourd’hui commis (ou inspirés) impunément par certains des plus violents parmi les chasseurs de sectes contre toute une partie de notre société alors que les délits reconnus (et non ceux qu'on leur prête) de certains membres de minorités spirituelles sont minoritaires et pourraient tout à fait être traités par la Justice sans stigmatisation, délit d’appartenance, ou législation d’exception.

Dans ces conditions, notre association ne peut pas soutenir la campagne à charge contre les groupes minoritaires. Un grand battage est fait autour d'«affaires», souvent grossies à dessein, et traitées hors de tout cadre déontologique par les médias qui deviennent les véritables juges aux yeux du grand public.

Nous avons donc, depuis notre création, orienté notre information vers la révélation et la diffusion des dérives de la chasse aux sectes en France, vers la dénonciation de la victimisation instrumentalisée des « sortants de sectes », vers la dénonciation de la rumeur comme outil de persécution, de la diabolisation de groupes inoffensifs qui subissent violemment les effets de l’amalgame.

Quand le gouvernement français acceptera d'entendre ce que nous avons à révéler et offrira à notre action toute la promotion nécessaire afin d’équilibrer cette campagne de répression sans débat et de sortir notre pays du marasme dans lequel il se vautre, par orgueil ou par ignorance, notre équipe sera heureuse de revenir à un regard plus harmonieux sur la question des dérives humaines (qui ne saurait cependant être limitée aux groupes religieux).

Chacun d’entre les membres du CICNS est parfaitement conscient des dérives possibles au sein de tout groupe humain. Mais l’urgence nous semble être ailleurs aujourd’hui. Nous avons littéralement « sous les yeux » des centaines de personnes qui n’ont rien des terroristes ou d’individus malveillants pour lesquels on voudrait les faire passer et qui se tournent vers nous pour comprendre, pour trouver un soutien dans des situations souvent dramatiques, alors que leur objectif était de vivre mieux, en harmonie avec le monde ou dans le désir de contribuer à l’améliorer et qui sont traitées par la machine judiciaire, par leurs voisins et parfois leurs familles comme des parias ou des malfaiteurs.

Cette situation ne peut plus durer.

Nous affirmions déjà cela en 2004, à la création du CICNS. Cet appel devient donc de plus en plus pressant et nous voulions souligner notre détermination à ne pas participer à la curée contre les minorités spirituelles en France, sous prétexte que certains crimes ou délits ont été commis par leurs membres mais sans nier que cela puisse exister. 

À nouveau, nous en appelons donc à ce qu’il y a de plus digne et de plus intelligent en l’homme pour que les questions de société (comme celle de l'intégration des minorités spirituelles en France) soient enfin traitées avec décence et justice.

André Tarassi  -- CICNS 

(1) Nous n’avons jamais lu ou entendu quiconque prétendre être pro « secte ». L’expression honnête, si une telle vertu était possible dans ce débat, serait plutôt « protecteur de la liberté de conscience » ou éventuellement « pro minorités spirituelles ».