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Les partis politiques sont-ils des sectes ?

Une fois n’est pas coutume, un grand média, France Inter, a involontairement fait avancer la question des sectes par l’entremise d’un billet de Stéphane Blakowski intitulé « l’UMP n’est pas une secte » (10 septembre 2012).

Dans son billet, Stéphane Blakowski compare l’UMP à une secte en appliquant les critères de dérives sectaires au parti politique sans aucune difficulté. À noter que l’humoriste utilise comme document de référence le rapport parlementaire sur les sectes de 1995, ce qui confirme que plus un document parlementaire est indigne et frelaté plus sa longévité est grande. Stéphane Blakowski ajoute qu’il aurait pu faire le même exercice avec d’autres partis politiques.

Nous ne ferons pas dire au chroniqueur ce qu’il n’a pas dit : à savoir qu’il verrait l’UMP comme une secte au sens où il semble voir l’Eglise de l’unification, quoique. Patrick Cohen était de toute façon là en début de chronique pour préciser : « Ce matin vous y allez un peu fort, car vous trouvez qu’il y a des ressemblances entre l’UMP et la secte Moon ; vous savez pourtant que l’UMP n’est pas une secte », au cas où certains auditeurs eussent pris l’humoriste au mot ; on peut jouer à la désinformation avec les « vraies sectes », celles visées par la MIVILUDES, mais attention de ne pas déborder avec d’autres types de groupes…

Néanmoins et probablement à son insu, Stéphane Blakowski a montré brillamment que les critères de dérives sectaires sont ineptes car applicables arbitrairement à n’importe quel groupe. La façon expéditive avec laquelle le chroniqueur applique ces critères à l’UMP (son humour servant uniquement à en diminuer la portée accusatoire) est tout à fait en ligne avec les méthodes à l’emporte-pièce de la MIVILUDES.

La terminologie antisectes est une formidable machine à discréditer et à discriminer et ce pouvoir de discrédit, trop tentant pour certains, est utilisé fréquemment dans l’ensemble de la société. Stéphane Blakowski l’illustre d’ailleurs dans son billet en mentionnant les quolibets subis dans ce sens par le parti Europe-écologie-les verts au sujet duquel il commente « c’est un peu facile ». Oui c’est effectivement « un peu facile » mais également pour les centaines de milliers de personnes régulièrement accablées par ce vocabulaire péjoratif par les médias et la MIVILUDES.

La suite logique, dans un monde où le journalisme aurait gardé ses lettres de noblesse (les exceptions étant si rares), serait de remettre complètement en question la politique antisectes française. Hélas, il est probable que la rédaction de France Inter n’a pas encore capté l’aberration que constitue cette politique mais on peut imaginer ou espérer que la perspicacité de certains auditeurs aura été meilleure.

CICNS