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Une comparaison des exigences financières dans lesdites « sectes » et dans des stages plus conventionnels

Un des principaux arguments retenus contre les mouvements qualifiés arbitrairement de sectaires est leur supposé rapport déviant à l’argent manifesté par une exigence financière exorbitante pour participer à leurs stages.  

Dans son dernier Guide « Savoir déceler les dérives sectaires dans la formation professionnelle », la MIVILUDES affirme :

« L’escroquerie : ce délit est l’un des délits d’atteinte aux biens le plus couramment visé dans le cadre des poursuites concernant les mouvements à caractère sectaire (…).

La pression croissante des exigences financières de plus en plus exorbitantes induit par le coût des cursus de formation, cet indice peut être apprécié par :

-   une progression des coûts dans un enchaînement de formations découlant les unes des autres

-  une répartition du coût entre entreprise et « bénéficiaire »

- un manque de visibilité dans la détermination des tarifs de formations d’un catalogue de prestations, notamment entre formations de base et formations contingentes. » 

Les grands médias, prenant leurs sources exclusivement auprès de la MIVILUDES, ne sont pas en reste pour suggérer que les stages ou prestations proposés par les « sectes » sont un moyen d’extorquer des fonds. Le Figaro explique par exemple que : « Les sectes ont bien compris les profits à tirer de notre culte du mieux-vivre, de notre perte de repères et de notre angoisse de la mort ». Suite à un raid policier dans un centre de bien-être suspecté de dérives sectaires, le compte rendu journalistique du Dauphiné précise : « La directrice de ce centre, installée depuis 2007 sur Nyons, proposait des stages payants (entre 500 et 600 € la semaine et par personne) pour des personnes en manque de confiance en soi ». L’association d’idées est subliminale : des personnes fragiles manquant de confiance en elles, victimes puisque la police intervient, se sont donc fait gruger de 500 € pour un cours qui n’en valait pas la peine.  

Sans prétendre à une enquête complète, nous avons fait un rapide survol de quelques prestations proposées par des organismes sélectionnés au hasard de notre recherche et dont les prestations sont généralement placées dans la colonne « sectaire » de la MIVILUDES et avons comparé leur prix à des prestations agréées (voir le détail dans le fichier Excel à télécharger). 

La journée de stage « bien être » ou « nouvelle spiritualité » par des organismes affublés du qualificatif de « sectaires » ou à tout le moins considérés comme « à risque »  est couramment proposée dans le milieu de type associatif pour un tarif variant entre 50 et 120 € (la moyenne de l'échantillon étant de 86 €). Les journées de même nature, proposées par des sociétés ou entreprises présentent des tarifs un peu plus élevés, compris entre 110 et 300 € (moyenne : 183 €). 

Tout en restant dans des propositions centrées sur l'acquisition de savoirs/savoir être, on trouve des organismes agréés par l'État, tel que les entreprises/associations dispensant les « stages récupération de points de permis » (moyenne de 117 € journalier pour les stages permis à points). Le stage de la MIVILUDES sur les dérives sectaires est proposé à 150 € pour la journée. Dans sa lettre d’information n° 150 de juin 2011, le CICNS avait signalé une formation d’une journée par la MIVILUDES à 250 €, annoncée sur le site de l’INAVEM. Celle-ci a ensuite été rapidement retirée du net.

Nous abordons ensuite une tout autre dimension financière avec les stages de formation professionnelle, toujours dans les domaines du « savoir/savoir être ». Un organisme d'État tel que l'AFPA propose dans ce domaine des formations (organiser son temps, développer une communication efficace etc.) dont le tarif moyen s'élève autour de 230 €. Les organismes privés de formation présentent toujours dans le même domaine des journées d'un prix moyen de 600 €.

L’exigence financière est donc sur notre échantillon six fois plus élevée lorsqu'un stage est proposé par un organisme de formation professionnelle percevant par ailleurs des financements par l'Etat, la Région et les entreprises (par le biais de prélèvements versés à des organismes collecteurs agréés par l’Etat) que lorsqu’un stage, d’une catégorie similaire, est proposé par des groupes, des associations désignés comme étant susceptibles de dérives sectaires. Même incomplet, ce rapide survol devrait interpeller. 

La MIVILUDES, habituée à falsifier la réalité, est probablement au courant de ce décalage faisant apparaitre des groupes non institutionnels comme peu intéressés par le profit financier en comparaison d’instituts agréés. Par ailleurs, la question d’une possible escroquerie est liée à la valeur accordée à une prestation en référence à son prix et à la qualité de la prestation produite. Cette valeur ne peut certainement pas s’évaluer a priori et de façon négative simplement en qualifiant l’organisme visé de sectaire quand on sait le flou et l’arbitraire que recouvre la notion de « dérive sectaire ». Une enquête de satisfaction serait nécessaire ainsi qu’une évaluation précise du contenu de la formation. Mais il est bien évident que l’objectif est plus large : empêcher par tous les moyens possibles les minorités spirituelles, éducatives et thérapeutiques d’avoir une place dans la cité. Dans le dernier guide de la MIVILUDES (ibid.) censé aider à purger la formation professionnelle du « cancer des sectes » - selon l’expression de Laurent Wauquiez dans sa fonction de Secrétaire d’Etat à l’emploi – la MIVILUDES prévient les acheteurs de formations des dangers qu’ils encourent : crimes contre l’espèce humaine, trafics illicites de stupéfiants, provocation au suicide, manipulation mentale, etc. Cette rhétorique, si stupidement alarmiste qu’elle en devient grotesque, est une incitation à la haine et pour en savoir plus, il en coûte 150 € par jour (le coût d'une prestation de formation par la MIVILUDES).

CICNS