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Parlons peu, parlons vrai, parlons foot

Blog de : cbesnou

Le football, (ça n'est bien sûr pas que ça, heureusement pour les supporters) c’est une formidable entreprise commerciale qui permet que des sommes extravagantes circulent dans des circuits le plus souvent opaques. Les joueurs professionnels les plus connus de la planète sont souvent pointés du doigt pour l’argent qu’ils reçoivent. Pourtant ces sommes ne sont que la face cachée de l’iceberg. Elles ne sont mises en avant que pour mieux cacher le reste. Elles servent d’exutoire populiste pour détourner l’attention.

Comme mon propos n’est pas de citer les blanchiments d’argent via les sports et notamment le football, ni d’aborder les « combines financières » de la coupe du monde africaine, je réserverai ma réflexion à l’aspect français du football.

Le football, c’est avant tout la convivialité du match, des bénévoles dévoués qui accompagnent et encouragent les enfants. En France, c’est environ 350 000 personnes selon la Fédération française de football (FFF). Ce sont des municipalités qui font beaucoup d’efforts pour trouver les moyens de permettre aux jeunes de jouer au sport le plus populaire de la planète. Mais pour les grands médias, le football, c’est le « professionnel » qui permet d’aspirer les annonceurs qui rapportent beaucoup de sous et, le cas échéant, de détourner l’attention du public des problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés. Pour nos édiles, mieux vaut parler du football que des retraites !!!

Enfin, en France, comme chez d’autres nations, le sport le plus populaire, le football, est l’objet des attentions (pas très sportives) des politiques. Une bonne image sportive est toujours bonne à récupérer ; lorsque des « amis » tiennent la direction de telle ou telle fédération, c’est l’assurance de retombées financières qu’empocheront d’autres « amis » qui a leur tour se montreront reconnaissants lors des prochaines élections. Dans les services publics, par exemple, il est connu qu’à chaque changement de gouvernement, on change de fournisseurs. Actuellement, en France, avec l’euro 2016 (championnat d’Europe), ce seront des stades refaits à neuf et beaucoup de contrats pour des entreprises. Comme ces entreprises ne seront pas neutres, ni socialement, ni politiquement, il vaut mieux avoir « les bons décideurs » à la direction de la Fédération française de football.

À leur arrivée en mars 2005 à la tête de la Fédération française de football, Jean-Pierre Escalettes, le président, et Noël Le Graët (ancien maire socialiste de Guingamp), vice-président, trouvent la fédération en grande difficulté financière et en proie à quelques scandales. Depuis, la barre semble redressée, en optimisant les recettes et en contrôlant, très strictement, les dépenses. Ils s’opposent souvent aux « grands » clubs de l’hexagone : Lyon, Marseille et le Paris Saint Germain qui ont déclaré une guerre larvée à la fédération, sous prétexte qu’elle en ferait trop pour les amateurs et pas assez afin de favoriser les plus riches des professionnels pour obtenir des résultats dans les compétions internationales (coupes d’Europe). Le Président Sarkozy, lui, est élu en mai 2007. L’élection du Président de la République intervient après celle de la Fédération française de football. Les dates sont importantes. Vraisemblablement, pour le Président de la République, la reprise en main du football s’impose. La moindre erreur est guettée. Peut-être encouragée ?

Ce que je sais, c’est que le sélectionneur, Raymond Domenech, fils d’espagnol ayant fuit le franquisme, ne se cache pas pour exprimer ses convictions de gauche. La « tête de turc » était toute trouvée. N’avait- il pas un soir de défaite, demandé devant les caméras, sa compagne en mariage. Un crime de lèse football, la machine infernale et médiatique s’est mise en branle. Tous les « experts » se sont reportés au « bon » vieux temps de l’inquisition, le journal l’Equipe lançant l’hallali. La mort du sélectionneur était annoncée. La coupe du monde devait être la corde pour le pendre. Si les résultats étaient bons, ce serait grâce aux joueurs, s’ils étaient mauvais ce serait à cause du sélectionneur.

Le 11 juin s’ouvre en Afrique du Sud la dix-neuvième édition de la Coupe du monde de football, organisée sous l’égide de la FIFA (Fédération internationale de football association). Avec près de trente milliards de téléspectateurs prévus en audience cumulée (1) et environ 73 000 heures de retransmission dans 214 pays, à raison de soixante-quatre matchs, le Mondial est l’événement le plus médiatisé de la planète.

C’est aussi une véritable manne financière pour la FIFA. Entre les droits de retransmission, les contrats publicitaires, la billetterie et les partenariats avec des entreprises comme Coca-Cola ou McDonald’s, celle-ci espère engranger près de trois milliards d’euros de recette globale, dont une partie est destinée aux joueurs, sous forme de primes à multiples zéros, et aux clubs, dont les plus importants, comme le Real Madrid, Barcelone ou Chelsea, seront grassement « indemnisés ». L’organisation dirigée par le Suisse Joseph Blatter – dont le salaire annuel, tenu secret, est estimé à près de 4 millions de dollars – affiche par ailleurs une santé comptable des plus radieuses : son bénéfice se montait en 2009 à 147 millions d’euros, ses fonds propres atteignant 795 millions d’euros

« Même si elle est organisée pour la première fois en Afrique, le continent le plus affecté par la pauvreté, la coupe du monde reste une affaire de riches. Avec de juteux bénéfices pour la FIFA, qui n’a jamais engrangé autant de recettes », rappelait à juste titre le quotidien sportif « l’Equipe ». Mais elle ne dit pas un mot en revanche sur les pots-de-vin, le népotisme et les élections truquées, qui font le charme d’une institution toujours à l’avant-garde du foot-business. Autant de pratiques avérées sur lesquelles le journal du groupe Amaury jette un voile pudique.

Dans cette même édition du 9 juin, le président de la FIFA, Joseph Blatter (« Sepp », pour les intimes et les journalistes), répond courageusement aux questions (faussement) impertinentes de Richard Porret, dont la fonction principale, au sein de la rédaction de L’Équipe, est d’interviewer les dirigeants du ballon rond. « Ce premier rendez-vous en Afrique, c’est aussi votre décision qui sera historique ? » À question décapante, réponse humble : « Ce n’est pas à moi de dire que j’ai fait quelque chose d’historique. C’est l’histoire qui jugera et le dira. Mais déjà beaucoup de gens ont salué cet événement […] Ce que je peux dire, c’est que j’avais fait, lors de mon élection en 1998, un objectif d’offrir une coupe du monde à ce continent. Et il fallait du courage. » Il fallait bien du courage à L’Équipe pour omettre de relancer « Sepp » Blatter sur un point de détail. L’ancien vice-président de la confédération africaine, Farah Addo, affirme qu’en 1998, lors de la campagne pour la présidence de la FIFA, le clan Blatter lui aurait offert 100.000 dollars en échange de sa voix. Addo ajoutait que 18 officiels africains ont vendu leur vote à Blatter…

Pas de quoi réfréner l’enthousiasme de Porret. « Justement, vous briguerez un nouveau mandat en 2011. Qu’est-ce qui vous motive encore ? », lance-t-il, à la limite du hors jeu. « Je n’ai pas fini ! Je vous rappelle que mon premier mandat, de 1998 à 2002, je l’ai passé à me défendre contre ceux qui voulaient m’éliminer. » Sepp, victime d’un complot ourdi par ses rivaux malheureux ? En 1998 et 2002, ses principaux concurrents, respectivement Lennart Johansson (président de l’UEFA, la fédération européenne) et Issa Hayatou (président de la confédération africaine), accusent Blatter d’avoir mis en place un système fondé sur la corruption et l’opacité financière, au service d’une poignée de multinationales, sponsors et gestionnaires des droits télés de la coupe du monde. Richard Porret ne peut pas ne pas le savoir mais préfère enchaîner sur les « objectifs » du président Blatter. « Donner plus de poids à l’aspect social et culturel de notre sport. Poursuivre le programme d’éducation. Donner de l’émotion et de l’espoir », entonne avec lyrisme Sepp, qui émarge à 4 millions d’euros par an.

En fait de révélations tonitruantes sur les méandres du sport spectacle, le supplément du samedi de L’Équipe livre un portrait à la manière des hebdomadaires généralistes. Où l’anecdote, l’accessoire et la touche people priment sur le fond et le contenu politique, jugés peu « sexy », donc peu vendeurs. De même que L’Express et Le Point raffolent des derniers potins concernant Rachida Dati, l’ancienne ministre de la Justice, L’Équipe magazine nous apprend que Jérôme Valcke reçoit de Michel Platini d’attendrissants SMS, du type : « Je t’embrasse, ma biche. » Rien en revanche sur la manière dont Platini a aidé Sepp Blatter à conquérir le pouvoir en 1998. Rien de bien consistant non plus sur les raisons qui ont poussé Blatter à réembaucher un homme qu’il a viré après que ce dernier eut fait perdre 90 millions d’euros à la FIFA, en raison d’un appel d’offres frauduleux [5]. Un patron qui promeut un salarié qui lui a fait perdre beaucoup d’argent, ce n’est pourtant pas banal !

Dieu sait que l’administration de la FIFA a eu moult occasions de grimacer par le passé. Ainsi, quand ISL, la filiale d’Adidas qui gérait les droits télé de la coupe du monde, verse par erreur 1 million de francs suisses (650.000 euros) sur un compte de la FIFA, l’affaire provoque des remous en interne. Il faut dire que cette somme rondelette était destinée à rémunérer un membre du comité exécutif de la FIFA en échange de son lobbying pro Adidas ! Le journaliste britannique Andrew Jennings, qui traque sans relâche les turpitudes politico-financières de la FIFA depuis 10 ans, ouvre d’ailleurs son livre choc avec cette information croustillante [Carton rouge ! Enquête sur les dessous de la FIFA, Presses de la Cité, 2006.]. Que pense le rédacteur en chef de L’Équipe mag, Jean-Philippe Leclaire, du travail salutaire de son confrère ? « Ce type est un gauchiste. » [La face cachée de L’Équipe, op. cit.] Pas cool, Jean-Philippe.

Sources : www.lequipe.fr/

                 www.acrimed.org/article3397.html – David Garcia

                 www. oulala.net/Portail/spip.php?breve1741 - Serge Portejoie

                 www. r-sistons.over-blog.com/ - Eva