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À la recherche de l’Arche d’Alliance

Blog de : ftonic

Un des objets les plus emblématiques de la Bible est certainement l’Arche d’Alliance. Sujette à toutes les controverses, l’Arche demeure impénétrable. Les premières aventures d’Indiana Jones retraçaient, certes grossièrement, outre son pouvoir surnaturel, une des hypothèses concernant ce monument biblique : son déplacement de Jérusalem à Tanis, alors capitale de l’Égypte.

Moïse reçoit de Dieu (YHWH) les commandements, les fameux Dix Commandements, les Tables de la Loi. Mais comment les protéger, comment les transporter ? C’est alors que Moïse va inventer le premier sanctuaire sacré pour son peuple : ce sera l’Arche d’Alliance. Les Juifs, alors en Exode après la sortie d’Égypte, construisent cet objet selon la description précise de YHWH. À l’arche se rajoute la tente du rendez-vous.

 BNF, prise de Jericho, manuscrit de jean fouquetsource : BNF, prise de Jericho, manuscrit de jean fouquet

A quoi sert l’Arche ?
Autour de l’Arche, les mystères ne manquent pas. Boîte de communication pour les uns, objet aux pouvoirs démesurés pour les autres, l’Arche reste à définir. L’Arche fut construite en bois d’acacia et plaquée d’or. Son couvercle était en or massif. Pour la déplacer, deux longues tiges en bois plaquées d’or prenaient place dans des anneaux. Aucun pied ne semble avoir existé pour poser le « coffre ». La Bible ne fournit aucune description précise et parle encore moins de son fonctionnement. Cependant, le rôle d’oracle de l’Arche ne semble pas faire de doute à condition de savoir poser les questions : une sorte d’intermédiaire avec la puissance divine, bref, avec Dieu. Que demander de plus ? Ou alors est-il lié au rituel de pardon ? Une des hypothèses serait d’y voir un condensateur statique ; le frottement des parois d’or génère de l’électricité statique qui pourrait ainsi créer des arcs électriques aboutissant à des décharges envers ceux qui touchent l’objet. Jusqu’à donner la mort comme la Bible le dit à plusieurs reprises ? Rien n’est moins sûr. La Bible évoque une sorte d’accumulateur d’énergie pour décrire l’Arche. Faut-il considérer une différence de compréhension ou d’utilisation entre Moïse et l’après-Moïse ? L’arche fut-elle alors mal utilisée ? Provoquant ainsi décharges et éclairs ? À en croire la Bible, l’Arche possède un pouvoir terrifiant capable de fendre les eaux en deux ou encore de faire écrouler des murs de puissantes murailles comme celles de Jéricho. Comment se présente-t-elle ? Si nous suivons les données des textes, l’arche mesure 1m25 pour 75 centimètres de largeur, et autant en hauteur. Elle aurait été confectionnée en acacia et recouverte d’or. L’acacia est, il faut le préciser, un bon isolant. Elle ne possède pas de pieds mais des anneaux permettent d’y glisser deux tiges en bois pour la porter. Le couvercle de l’Arche serait en or massif. À chaque extrémité, deux personnages courbés vers le couvercle décorent l’ensemble. Ces personnages sont ailés. Ce sont les fameux chérubins. On pourrait ici y voir une influence égyptienne. Moïse, fortement influencé par l’Égypte, reprit sans doute les formes et les décors égyptiens. On connaît en Égypte des coffres rappelant la forme générale de l’Arche.

Où est l’Arche ?
Suivre l’Arche dans l’histoire s’avère impossible. Si le Temple fut sa demeure, après le règne de Salomon, les textes demeurent vagues. Étonnant pour un objet aussi important. Aurait-on perdu son utilité, sa signification ou a-t-elle tout simplement disparu ? Quelques traces se lisent dans le Livre des Rois I VIII, 8 (IXe siècle av. J.-C.). Cependant, sous le règne de Josias, rien de sûr. Il semble bien qu’elle disparaisse définitivement au plus tard au début du VIIe siècle av. J.-C. lorsque les Babyloniens prennent Jérusalem par Nabuchodonosor. Mais rien de bien certain. Souvent, on évoque la disparition de l’Arche à la suite de la prise de Jérusalem par le pharaon Chéchanq I (945-924 av. J.-C.). Fondateur de la XXIIe dynastie égyptienne, il était un puissant général de l’armée égyptienne d’origine libyenne. Il mène une politique étrangère agressive. Profitant de l’affaiblissement des royaumes d’Israël et de Juda, il va jusqu’à accueillir les dissidents au roi Salomon. Encore faut-il trouver un prétexte pour intervenir. L’agitation de Bédouins aux Lacs Amers est l’excuse égyptienne. L’armée de Pharaon fait tomber de nombreuses villes. Jérusalem se soumet au pharaon et livre le trésor de Salomon. Après la conquête du royaume de Juda, Chéchanq voulut sans doute aussi s’en prendre à Israël mais n’avança pas plus au nord. Jéroboam, exilé en Égypte durant plusieurs années avant de rentrer en Israël pour prendre le trône, a peut-être reconnu implicitement sa vassalité face au pharaon, même si les sources antiques demeurent floues. La campagne se déroule vers 925 av. J.-C. avec une puissante armée égyptienne. Pour commémorer sa victoire, le pharaon fit élever une grande stèle sur le site de Megiddo. Puis quelques mois plus tard, une immense inscription est gravée au temple d’Amon de Karnak relatant la campagne militaire, les villes et peuples soumis. Cette campagne égyptienne se retrouve dans la Bible où Chéchanq est nommé Shishak. On aurait donc une correspondance entre la Bible et l’archéologie. La Bible explique la chute de Juda par le fait que son roi, Roboam, s’était détourné de Dieu. Mais le trésor fut-il donné par le roi pour épargner la ville et en signe de soumission, ou Chéchanq l’a-t-il pris par la force ?

L’Arche en Éthiopie ?
Mais doit-on croire à la prise de l’Arche par le pharaon d’Égypte et son transport à Tanis, la capitale égyptienne ? Nullement. Cela relève d’un mythe moderne et non d’une réalité car rien ne permet de conforter cette hypothèse. Il faudrait alors considérer que l’objet sacré demeure à Jérusalem. La disparition se fait peut-être sous Joachim, ou alors sous Josias vers 610, lequel aurait voulu le protéger des Égyptiens qui revenaient en force dans la région après l’écroulement assyrien. Une des traditions veut que l’Arche soit conservée depuis des siècles en Éthiopie dans une église d’Aksoum, la cathédrale Sainte-Marie. Une autre tradition veut que des Juifs aient fui Jérusalem vers 650 alors sous le règne de Manassé. Ils auraient déposé l’Arche dans leur temple construit sur l’île d’Éléphantine. Mais après un grave conflit, la communauté juive de l’île disparaît. L’Arche aurait alors été transportée sur l’île de Tana Kirkos en Éthiopie. Puis vers le IVe siècle de notre ère, l’Arche rejoint Axoum avant de rejoindre Aksoum.

François Tonic, rédacteur en chef de Pharaon Magazine