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Réaliser l'impermanence

Blog de : cbesnou

Réfléchissez à ceci

La réalisation de l'impermanence est paradoxalement la seule chose que nous pouvons conserver, peut-être notre seule possession durable.

Elle est comme le ciel ou la terre. Peu importe combien chaque chose, autour de nous, peut changer ou s'effondrer, ils restent.

Imaginez que nous traversions une crise émotionnelle bouleversante . . . notre vie tout entière semble se désintégrer . . . notre mari ou notre femme nous quitte soudainement, sans avertissement. La terre est toujours là, le ciel est toujours là.

Bien sûr, même la terre tremble de temps en temps, juste pour nous rappeler que nous ne pouvons rien prendre pour acquis. . . .

Est-ce si difficile de ne pas s'attacher aux choses, aux gens?

Je ne pense pas que cela soit la bonne question, mais la bonne réponse est qu'il faut donner. Donner de l'amour vrai, mais sans attendre une récompense comme le bon chien. Donnant-donnant est la plus abominable leçon (dans le sens d'étude et non de punition) qui nous a été enseigné, soit par notre famille ou notre société. Vous en avez fait l’expérience, tout le monde en fait l’amère expérience. Alors changeons notre fusil d’épaule, donnons, sans même penser à recevoir quoi que ce soit sauf, de voir que nous avons participé à améliorer à notre niveau, à notre don, à redonner un peu de chaleur humaine. Quelque fois il suffit de si peu !

Je fus taxi parisien de nuit à une époque difficile, je me souviens de ce type assis sur un banc, boulevard Bessières à 4h du mat, la tête couverte de sang à peine coagulé, il n’avait pas l’air avenant mais je « sens » les gens de loin, alors je m’arrête, lui demande s’il veut que je l’emmène à l’hôpital, il me répond qu’il n’a pas d’argent, qu’il s’est fait attaqué, effectivement, il avait trop bu. Je lui réponds que je l’emmènerai gratuitement vu qu’il est mal en point, il me regarda comme si j’étais une hallucination, il avait du mal à se croire éveillé, un taxi qui s’arrête pour le transporter gratuitement, du jamais vu ! Il a préféré rentrer chez lui à Clichy, cela n’a pris que quelques minutes et à cette heure là c’était vraiment l’heure creuse, arrivé chez lui, il ne savait pas comment me remercier, baragouinait des remerciements gauches qui lui semblaient bien en deçà de ce que j’avais fait pour lui, j’avais l’impression que cela lui paraissait énorme. Je lui ai dit que dans la vie il y avait des hauts, des bas, et que j’étais comme un changement de cycle dans ses malheurs (il avait eu le temps de me raconter un enchaînement de catastrophes assez nombreuses) qui étaient terminés, avec moi une nouvelle ère commençait et j’en étais le signe préliminaire, à condition qu’il fasse des efforts de son côté, et qu’il soit toujours éveillé au bonne chose de la vie, au signes positifs de sa vie qu’il allait prendre en main, signes qui ne manqueraient pas de passer, mais il devait d’abord les voir et ensuite les saisir. Le sourire qu’il me lança, plus resplendissant qu’un soleil, oubliant son mal de crane, en me quittant, furent mon remerciement et mon rayon de soleil pour la journée.

Et puis quand on attend rien de l’autre, alors, qu’est ce qui pourrait nous décevoir ?