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En quoi la méditation n’est pas vouloir « faire le vide dans sa tête »

Blog de : fabrice

Comme nous l’avons vu, croire que la méditation consiste à « faire le vide dans sa tête » est l’une des erreurs les plus courantes – et l’une des plus naïves. Qu’est-ce que cela pourrait en effet bien signifier ?

On peut vider une pièce en retirant les meubles et objets qui s’y trouvent. Mais comment pourrait-on faire le vide dans notre tête ? En la vidant de toute pensée et de toute émotion ? Quel singulier projet !

Notre esprit n’est pas une maison ! Il est vivant. Les textes le comparent parfois à un océan qui peut être agité ou calme. Comment pourrions-nous enlever les vagues à l’Océan ? Ne sont-elles pas l’Océan ?

Vouloir se vider la tête est une idée aussi étrange

que de vouloir vider l’océan de ses vagues.


Un tel projet est en réalité aussi irréaliste que violent. Il ne peut de toute façon que nous décevoir puisque, lorsque nous commençons à pratiquer, nous sommes d’abord surpris de constater que nous ne pouvons pas du tout arriver à faire le vide ! Notre esprit vagabonde sans cesse.

Surtout n’en soyons pas découragés. En faire l’épreuve, voilà l’important. Ne nous engageons pas dans une gymnastique visant à nous permettre de dominer notre esprit, mais, tout au contraire, abandonnons le souci de tout contrôler. C’est ce souci qui nous opprime. La méditation ne vise donc nullement à vider l’esprit mais à l’apprivoiser. À ne plus lutter contre lui.

À cause de cette conception de la méditation, on a parfois fait du bouddhisme une tentative de repli sur soi ou une manière de se fermer au monde. Il suffit pourtant d’observer n’importe quel maître, comme le Dalaï-Lama, pour comprendre l’absurdité d’une telle thèse. Il est animé d’une joie, d’un souci des autres et d’un engagement qui éclatent à chaque instant. Nous asseoir sur un coussin ouvre notre cœur et notre esprit, nous rend plus vifs et alertes – nullement impassibles.

Autrement dit, avoir une entente de ce vide dont parle les traditions d’Orient ne signifie nullement être vide au sens que ce terme a chez nous, mais être pleinement ouvert, sans préjugés ou idées reçues. 

Extrait de mon dernier livre Pratique de la méditation