Skip to content Skip to navigation

Hommage à Michel Cazenave

Blog de : fabrice

Je n’ai plus aucun souvenir de comment nous nous sommes rencontrés. Car comme tant et tant de gens, j’ai connu Michel bien avant. En l’écoutant. En le lisant.
Sa voix sur France Culture, sa manière d’interroger ses divers interlocuteurs, ont été des moments précieux pour tous ceux qui cherchaient un chemin hors de la barbarie de la calculabilité effrénée…

Michel Cazenave a ouvert une porte décisive. C’est tout simple : il a montré qu’interroger l’énigme même de notre existence, en direction de ce que l’on pourrait nommer « mystique » pour reprendre le mot de Bergson et de Wittgenstein, ou « spirituel» pour reprendre un mot aujourd’hui plus courant, nécessite la plus grande rigueur.

Ce n’est pas du tout évident. En général, la question spirituelle est abordée de manière vague, floue, paresseuse. On confond l’invitation à dépasser l’enfer de la logique avec un renoncement à toute exigence de pensée.

Or respecter l’inconnaissable demande un surcroît de précision et d’intelligence — intelligence qui n’a plus rien de fermé, d’abstrait, de conceptuel. Michel Cazenave a été pour beaucoup, pour moi, un formidable exemple de cette exigence.

Ce que j’ai aussi tant aimé de lui, c’est sa disponibilité et sa curiosité. Il était ainsi d’une ouverture profonde, heureuse et libératrice. Il était complètement libre de cet orgueil qui fait que tant de gens de lettres finissent par ne plus être qu’une caricature de leur propre image.
Michel, lui, était toujours à l’écoute de l’altérité du questionnement et il était, du coup, toujours partant pour vivre à la hauteur d’une rencontre réelle, toujours soucieux de favoriser ce qui préserve et éclaire.

D’une manière plus secrète, Michel Cazenave savait que la lumière est inséparable de la nuit et que l’on ne peut parler de la nuit sans évoquer la lumière. Nous vivons en un temps ou, partout, on nous invite à une sorte de lumière sans ombre, sans nuit — une lumière fausse, fabriquée, une lumière qui aveugle mais qui n’éclaire plus, qui ne guide plus. Je crois profondément que Michel Cazenave a su ainsi préserver l’énigme. Enigme au cœur de la vie, du risque et surtout peut être des noces du masculin et du féminin.

En hommage voici une vidéo :

Lors d'une intervention dans l'École occidentale de méditation

Fabrice Midal Ecole Occidentale de Méditation