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Nous sommes déjà éveillés, à nous d’être magnanimes

Blog de : lungtazen

Nous parlions hier de l’importance de s’ouvrir aux autres, et entre autres au Maître, mais trop s’ouvrir n’est ce pas se mettre en danger ? C’est sûrement mettre en danger l’ego pour accepter de laisser s’épanouir ce que dans le bouddhisme nous considérons que nous avons déjà en nous : la nature de Bouddha. L’éveil n’est pas de trouver quelque chose en plus, mais au contraire de se défaire d’attitudes qui apportent de la souffrance pour révéler cet éveil déjà présent.

Si nous intégrons ce fait, cela change tout, car nous pouvons avoir plus ou moins de compétences dans différents ou peu de domaines, mais en nous ,nous savons que nous portons cette graine d’éveil qui nous fait humain, vivant, pas moins que les autres.

« Comprendre, même à un niveau conceptuel, que nous sommes éveillés dans notre véritable nature peut être extrêmement puissant, cela nous encourage. Notre attachement voile bien souvent cette nature. Mais la bonne nouvelle, c’est que nous possédons déjà ce dont nous avons besoin pour être en paix et heureux. En entraînant notre esprit à l’aide de la méditation et en cultivant des attitudes correctes dans la vie, nous pouvons faire ressortir ce qui est déjà là. Nous pouvons nous améliorer, être plus heureux et plus sains d’esprit. »

Tulku Thondup

Cet état d’éveil dont on parle, on peut aussi l’idéaliser suffisamment pour le rendre inatteignable et retomber dans un nouveau manque de confiance en soi (je n’arriverai jamais à l’éveil). Mais Suzuki Roshi nous explique que l’éveil ne concerne pas tant la personne que l’activité qu’elle met en place :

« Il n’y a pas à proprement parler de personne éveillée, il y a seulement une activité éveillée. »

Confirmant qu’il n’y a rien à atteindre mais qu’à être et mettre en oeuvre.

Quoi ?

Un état de largesse, par rapport à nous-mêmes, notre vie, les autres et nos activités.

« Vous devez écrire le caractère « grand », vous devez comprendre le caractère « grand », vous devez étudier le caractère « grand ». »

Dogen

Eric Rommeluère nous donne une explication sur ce caractère « grand ».

« Dogen explique tout d’abord l’allégresse, kishin, puis la gentillesse, rôshin, enfin la largesse, daishin. Ces trois dispositions sont commentées une à une comme des qualités de la vie éveillée. Et dans le dernier passage consacré à la largesse (dai, « grand », shin, « condition mentale », on pourrait également traduire par « grandeur »), Dôgen propose aux hommes de qualité cette belle méditation sur le caractère chinois « grand ».

Le caractère « grand » est l’un des plus simples et l’un des plus évocateurs de l’écriture chinoise. Le pictogramme original, moins épuré que la forme actuelle, représente un homme les jambes écartées et les bras ouverts légèrement inclinés vers le bas. La grandeur est rendue par cette image d’un corps qui s’étire largement et librement dans l’espace »

Eric Rommeluère

Dans un enseignement oral, Eric Rommeluère parlait de « magnanimité », ce mot un peu désuet me paraît particulièrement bien parlant. Je m’en suis rendu compte en faisant un dessin de Zem, les traducteurs avec qui je travaille m’ont proposé (pour deux d’entre eux) dans leur langue de traduire cela par «générosité » ce qui est bien sûr tout à fait correct. Mais « magnanimité » c’est étymologiquement la grandeur d’âme, donc plus que la générosité, celle ci serait même plutôt l’effet de la magnanimité selon moi. (voir le ZEM publié après-demain). En inde on appelle Gandhi le Mahatma, la grande âme.

Révéler sa nature de Bouddha c’est chercher à être magnanime dans toutes ses activités et on peut se programmer pour faire cela, même si nous n’y réussissons toujours, chaque matin et chaque soir de dédier sa journée à cette grandeur peut nous aider pour être plus confortable dans la vie.

Etre magnanime nous permet aussi de voir notre réalité autrement, comme nous le verrons demain.

Lung Ta Zen http://lungtazen.wordpress.com/