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Du sens profond des Ecritures en général, et du Mahâbhârata en particulier

Blog de : Omkar

A quoi servent les Ecritures ? La question est souvent posée. Mikhaël Aïvanhov donne, d'une certaine façon, la réponse: "Un texte est composé d'une forme, d'un contenu et d'un sens. Les gens ordinaires s'arrêtent à la forme. Les gens intelligents comprennent le contenu. Et les Sages en saisissent le sens".

Le point important de cette sentence d'Aïvanhov réside dans le fait qu'elle sous-entend une évolution du lecteur, de l'homme plus généralement. On va de l'homme ordinaire, à l'homme intelligent, puis au sage. Je pense que les Ecritures sont des textes d'une richesse inouïe et que leur rôle est d'accompagner l'homme au cours de son évolution. Celui qui les lit en étant toujours la recherche d'une signification plus profonde y trouvera bien des indications pour conduire sa vie et son évolution spirituelle.

Rien n'étant parfait sur cette terre, il n'en va hélas pas toujours ainsi. Sri Sriyukteswar 1855 - 1936), immense yogi indien, disait que les Ecritures lues sans recherche d'un sens toujours plus profond, et donc sans remise en cause du lecteur, peuvent générer des problèmes: "Quand les Ecritures sont étudiées avec une foi aveugle, alors l'agitation (du mental, l'agitation intérieure), la fierté, l'ego, la réflexion superficielle, la colère sont engendrées et la personne est finalement victime de l'ignorance". Nous avons tous rencontré de ces prédicateurs qui vocifèrent les Ecritures prises au pied de la lettre. Laissons les faire, il faut bien que tout le monde s'amuse :-)

Les Ecritures sont riches de nombreuses significations. Au moins 3:

  1. Morale
  2. Spirituelle
  3. Yogique

Il n'est pas interdit d'en trouver plus. Mais 3 dans le contexte de ce modeste billet de blog, ça n'est déjà pas mal :-) Quand on touche le sens yogique des Ecritures, on découvre en elles un véritable guide, un manuel pratique, qui décrit les expériences que le yogi vit en lui lors de sa pratique. Il sait ainsi qu'il est sur la bonne voie et il va même y puiser des techniques pour affiner, renforcer sa pratique! Tout un programme. J'ai déjà abordé un tout petit peu cette question dans quelques billets, comme Spiritualité d'orient et d'occident, Bible et Archéologie -- Les trompettes de Jéricho, ou encore Le symbolisme de la crèche. Bien entendu tout n'est toujours pas aussi systématique. Il est certains passages de l'Ancien Testament pour lesquels on serait bien en peine de dégager un sens très profond (sauf erreur de ma part). Et d'autres attaquent directement au sens le plus profond, comme l'Apocalypse de Jean. L'Apocalypse, étymologiquement 'Révélation', décrit, de façon allégorique, les révélations que le yogi (pris au sens large d'uni à Dieu, et qu'elle que soit la voie employée, méditation, yoga, oraison, etc.) vit en lui-même. Ce qui est un vrai bouleversement, la fin d'un 'ancien monde intérieur'. Voilà ce que raconte l'Apocalypse, et ceux qui s'obstines à y voir la prédiction de la fin du monde matériel se fourrent le doigt dans le troisième oeil :-)

Le Mahâbhârata

Le Mahâbhârata est un monument de la littérature indienne. Il est surnommé le cinquième Veda. En tant que tel, il fait partie des Ecritures de l'Inde, et il a cette caractéristique unique en Inde que tout le monde peut le lire, alors que la lecture de Vedas et autres Ecritures est normalement réservées aux brahmin. Si tout le monde peut le lire, on est tenté de penser qu'il propose plusieurs niveaux de lecture. Qu'il y en a pour tout le monde quoi :-) C'est le cas, et rien que par son titre on peut s'en apercevoir. Habituellement MahâBhârata est traduit par "la grande Inde". Voilà pour l'aspect rudimentaire des choses, un ouvrage qui est à la gloire de la culture d'un pays. Mais une traduction plus subtile est "La grande lumière" et cela suggère que le Mahâbhârata apporte des éclaircissements sur tous les aspects de la vie. Mais il y a mieux. Stricto sensu, Bhârata est le nom du soleil qui éclaire le Mont Méru, célèbre montagne de la mythologie indienne et qui est universellement le symbole du bulbe rachidien et de la glande pinéale, au sommet de la colonne vertébrale. Alors Mahâbhârata, cette grande lumière, sera celle que le yogi (toujours au sens large) perçoit au centre de la tête, en méditation profonde, lorsque l'illumination se produit. Et l'ouvrage tout entier sera un guide pour parvenir à ce résultat :-)

La naissance de Vyasa  

Le Mahâbhârata a cette caractéristique rare que l'auteur du livre en est aussi un des personnages. L'histoire de la naissance de cet auteur confirme que l'écriture est à plusieurs niveaux, et que le Mahâbhârata est bien ce que nous en disons. Voici l'histoire de la naissance de Vyasa:

Il était une fois un roi nommé Das qui aimait particulièrement la pêche. Un jour, alors qu'il captura un gros poisson, il découvrit à l'intérieur deux bébés, un garçon et une fille. Le garçon était destiné à devenir le roi du royaume des poissons (Matsyadesh). De son côté la fille grandit pour devenir une belle jeune fille, mais une odeur de poisson restait attachée à elle, et c'est pourquoi on l'appelait Matsyagandha "qui a une odeur de poisson".

Le roi Das installa sa fille à un endroit d'une rivière que les gens avaient l'habitude d'emprunter pour la traverser.  Matsyagandha les faisait ainsi traverser avec un bateau et le roi Das espérait qu'ainsi, un jour, elle serait libérée de sa mauvaise odeur par la bénédiction d'une grand sage qui passerait par là.

Et c'est ce qui arriva. Un jour, le grand sage Parasara, fils de Shakti, vient pour traverser la rivière et embarqua sur le bateau de Matsyagandha. Au milieu, le roi yogi Parasara créa une île noire du nom de Krishna Dwipa, et fit souffler un vent violent, une tempête qui cacha cette île aux yeux du reste du monde.  Le bateau accosta sur cette île, et là, Matsyagandha vit son odeur de poisson transformée en une suave odeur de lotus (Padma), par le pouvoir du yogi. Elle changea alors de nom pour s'appeler Padmagandha.

Le yogi hâta aussi son développement physique et resta avec elle un temps sur cette île noire. Et après quelques temps, Matsyagandha donna naissance à Krishnadwaipayan Vedavyasa, "le divin Vyasa né sur une île noire", et couramment appelé Vyasa.

Cette histoire a de nombreux niveau de lecture. Pour ce qui est de la morale, on dit généralement qu'en acceptant de servir humblement des personnes de conditions supérieures, Matsyagandha, identifiée à un membre des Sudra, la basse caste, finit par obtenir des mérites qui la délivre finalement de sa condition. Une lecture spirituelle (religieuse plutôt) classique est que Matsyagandha, en acceptant de vivre près d'un divin personnage, et écoutant et suivant son enseignement, en le faisant fructifier en elle (naissance d'un enfant)  finit par être libérée des désirs matériels, symbolisés par l'odeur de poisson.

La lecture yogique

La plupart du temps dans les Ecritures, y compris dans la Bible, les rivières sont le symboles de la colonne vertébrale et de l'énergie pranique qui y circule. C'est également le cas ici. Parasara est fils de Shakti, nom de l'énergie de la Kundalini, et en tant que telle génératrice du souffle. Parasara est donc le souffle. Quand ce souffle est agité (la tempête) une réalité supérieure reste cachée (aux yeux du monde profane). Mais quand il est stabilisé au milieu de la rivière, donc au centre de la colonne vertébrale, dans la sushumna, alors Krishna apparaît. Dans la mythologie indienne, Krishna, le joueur de flûte, a la peau noire et porte un vêtement jaune. Le yogi en méditation ne voit pas en lui un personnage qui joue de la flûte, bien évidemment, ce qu'il voit est une forme noire circulaire, entourée d'un mince cercle jaune, quelque chose de très semblable à une éclipse. Et à ce moment il entend intérieurement un son de flûte. Ceci ce produit au centre de la tête du yogi libéré de l'emprise du monde matériel, au sommet de la colonne vertébrale, dans l'énergie stabilisée, comme une île fixe au milieu de la rivière. Si l'expérience est suffisamment profonde, une odeur suave, émanant des chakras (padma) est sentie intérieurement.

Cette forme qui est vue, est le troisième oeil qui s'ouvre. Le vrai troisième oeil, pas celui que certain se peinturlurent en rouge sur le front :-) C'est la porte ouverte sur le divin, et qu'il faut traverser. De l'autre côté est la conscience divine, la grande lumière de millions de soleils comme le dit la Bhagavad Gîta. C'est Vyasa, né, du point de vu du yogi, sur une île noire. Vyasa n'est donc ni plus ni moins que la conscience du Dieu unique, le UN. C'est cette conscience ultime, qui va dicter à Ganesh, dieu à la tête d'éléphant, toute l'histoire de l'homme de sa descente (de sa conscience) sur ce monde matériel, jusqu'à sa remontée et sa fusion dans le divin. Voilà pourquoi Ganesh, "simple dieu", écrit sous la dictée de Vyasa.

Tout le Maâbhârata est come ça. 18 livres! Ça représente quelque chose...  Plus généralement la grande majorité des Ecritures de toutes les traditions renferment des sens aussi profonds. On les détecte parfois par un mot bizarre, à double-sens, à contre emploi, des anomalies dans le récit. Autant d'indices qui comme l'écrivait Rabelais "mettent la pusse à l'aureille" et permettent d'extraire "la substantificques mouëlle" du texte.

Nous nous y essaierons dans quelques billets à venir.

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