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La méditation en pleine conscience c'est bien mais ça n'est pas tout (loin s'en faut)

Blog de : Omkar

En ce moment la méditation en pleine conscience, technique basée sur les techniques de méditation orientales, gagne en popularité. C'est une bonne chose. Grâce à cela de nombreuses personnes peuvent (re)trouver un équilibre, une indéniable tranquillité intérieure. Malheureusement, tout sur terre étant fait de positif et de négatif mélangés, cette popularité de la méditation en pleine conscience et sa médiatisation, masquent ce que les techniques originelles peuvent apporter.

Cet été Christophe André fait une émission consacrée à la méditation en pleine conscience sur France Inter le samedi. Là encore c'est une bonne chose. Mais voilà que par hasard j'ai écouté une de ces émissions, pour entendre Christophe André dire :

Suivez vos pensées consciemment, suivez votre respiration [...] Il est impossible d'arrêter le cours des pensées, il est impossible d'arrêter le cours de la respiration.

Voilà qui est complètement, fondamentalement, faux ! Ce que je vais dire maintenant ne veux pas être une critique de Christophe André, qui indéniablement apporte beaucoup à beaucoup de gens. La quasi totalité des enseignants de méditation en pleine conscience disent d'ailleurs la même chose. Ce n'est pas une critique contre eux non plus.

Arrêter le cours des pensées et de la respiration avec la méditation en pleine conscience est très certainement impossible... :-) Mais ce que je veux souligner, c'est que l'arrêt des pensées et de la respiration sont justement le but de la méditation, de la vraie!... et non du produit dérivé.

Plus précisément, l'arrêt des pensées et de la respiration se produit lorsque le but est atteint.

Les écritures de l'Inde le disent toutes très clairement, aussi incroyable que cela puisse paraître au profane.

Les Yoga Sutra sont très clairs à ce sujet. Au premier chapitre, Samadhi Pada, que l'on peut traduire comme le chapitre qui décrit le but à atteindre, il est dit

Yogaschitta vritti nirodhah (I -2)

Le (but du) Yoga est l'arrêt de fluctuation de la substance mentale

Donc l'arrêt des pensées, pour donner une explication simple. Ce qui ne veut pas dire que le yogi tombe dans un état négatif d'inconscience ou quelque chose comme ça. Bien au contraire ! Le sutra suivant précise :

Tadâ drastuh swarûpeavasthânam (I -3)

Alors le pratiquant contemple et s'établit dans sa nature essentielle.     

Pour donner une idée assez simple de ce dont il s'agit, disons que le pratiquant retrouve, s'immerge et se régénère dans son âme.

Un tel résultat s'obtient grâce au pranayama, c'est-à-dire au travail du souffle (et non sa simple observation). Le deuxième chapitre des Yoga Sutra, Sadhana Pada, que l'on peut traduire comme le chapitre qui décrit la marche à suivre, dit :

Tasminsati shvâsaprashvâsayorgativichchhedah prânâyamah (II - 49)

[...] le (but du) pranayama est la cessation de l'inspir et de l'expir

Les écritures de l'Inde consacrées à la démarche spirituelle disent toute la même chose. Prenons comme autre exemple l'ouvrage classique Hatha Yoga Pradipika. On lit au quatrième chapitre, sutra 106 et suivants :

[...] exempt de toute pensée, le yogi demeure immobile [...] il n'est ni endormi ni éveillé, il est exempt de souvenir et d'oubli, il ne meurt ni ne naît, en vérité c'est un être libéré [...] celui qui, avec aisance et naturel, demeure dans l'état éveillé comme s'il était endormi, ayant suspendu son inspiration et son expiration, c'est un être libéré assurément.

Il n'est pas nécessaire d'aller jusqu'en orient pour rencontrer ces notions. Ainsi Sainte Thérèse d'Avilla a écrit :

Dans l'extase de la communion divine, l'haleine cesse

Concluons en disant que la méditation est une démarche spirituelle très profonde, avec un but très noble. Nous sommes très loin de la simple idée de se sentir mieux :-)

La méditation en pleine conscience est une bonne technique, mais ce n'est qu'une technique de mise en condition. Bien sûr, on peut très bien se satisfaire de la méditation en pleine conscience. Mais alors que ce soit par un choix réfléchi, en connaissance de cause, et pas parce que, trompé par la médiatisation, l'on croît qu'il n'existe rien de plus.