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Le symbolisme de la crèche

Blog de : Omkar

Voici que revient Noël et son défilé de personnages aux couleurs de Coca-Cola. Car telle est l'origine de notre ridicule Père Noël moderne et de ses couleurs... L'origine et la signification des choses sont de plus en plus oubliées. Ainsi, même si les crèches de Noël célébrant la Nativité sont encore nombreuses, qui a encore une vraie idée de leur signification ?

La naissance du petit Jésus dit-on bien souvent. Même pas... Et l'on nous raconte une charmante histoire à base d'étoiles, de mages, de roi sanguinaire (Hérode) à laquelle personne ne comprend plus rien et qui est prise à la lettre en dépit de l'invraisemblance. Ainsi voit-on des gens, scientifiques, donc on ne peut plus "sérieux", entreprendre des calculs pour retrouver dans le ciel, une fameuse étoile qui n'a probablement jamais existée, et en déduire une date de naissance de Jésus on ne peut plus improbable.

Le vrai sens des Ecritures est symbolique, intérieur, et la crèche, même si on ne peut pas dire qu'elle soit beaucoup décrite dans les Evangiles, n'y fait pas exception. Le symbolisme du la crèche, tout yogi qui pratique assidûment un pranayama authentique, le percevra immédiatement. De même qu'il percevra immédiatement le fond commun qu'il y a, là encore, entre la spiritualité d'Orient et d'Occident.

C'est vers le IVeme siècle que la fête de Noël commence à être célébrée. Et comme toutes les fêtes chrétiennes, outre son message propre, elle veut phagocyter des fêtes païennes. En ce qui concerne Noël, il est question de phagocyter les fêtes dites païennes du cycle solaire. De tous temps le soleil sert de symbole à la conscience supérieure, divine, et les chrétiens y ont eux-mêmes associé la conscience christique, fort logiquement d'ailleurs. Les fêtes païennes solaires les plus connues sont celles des solstices d'été, quand le soleil, et donc la conscience divine, est à son maximum, et des solstices d'hiver, quand la conscience est à son minimum, ce qui signifie aussi qu'elle va renaître et croître. On célébrait cela par un grand feu sur une colline en été, et par la flambée d'une bûche dans l'âtre de la cheminée en hiver. Telle est la vraie bûche de Noël, qui s'est peu à peu transformée en gâteau à la crème :-)

Les dates associées à la Nativité parle d'elles-mêmes. Avec la crèche, il n'est donc pas question de la naissance du petit Jésus mais de la (re)naissance de la conscience christique/solaire qui seule peut amener à la conscience divine ultime. "Nul ne va au Père sans passer par moi (Jean XIV - 6)

Donc la conscience divine nait, s'incarne dans le monde physique. Son père, le grand charpentier, le concepteur, le principe masculin de Dieu, le Purusha indien est là. Sa mère, le principe féminin de Dieu, la Prakriti indienne est là. Comme il ne s'agit pas d'une personne physique, on ne comprend mieux sa virginité :-)

Où nait-il ? Dans une caverne, dans une grotte, qui symbolise l'intérieur de la tête, du crâne. Beaucoup plus tard dans l'histoire, on le retrouve vu par tout le monde sur le Golgotha, un autre crâne... mais ceci est finalement une autre histoire...

Il est là dans le crâne, mais on ne le voit pas. Pas encore. C'est l'hiver, il fait nuit. Mais il est (re)chauffé par le souffle physique de deux animaux. Ceci symbolise le pranayama, le travail du souffle, fait avec le corps physique. Avec ce travail, avec le friction du prana ainsi provoquée, la naissance du Christ, est certaine pour le yogi assidu. Deux animaux... qui symbolisent les nadi Ida et Pingala, et à ce stade, l'enchaînement du prana à ceux-ci. Deux animaux, et pas n'importe lesquels... pas un mouton, une chèvre ou un chameau, mais une vache et un âne. Nous retrouvons là le soleil à l'état potentiel, et qui va naitre du mouvement du souffle. La vache est un symbole solaire. C'est elle qui porte le Dieu Râ/soleil entre ses cornes chez les égyptiens. Quant à l'âne, sur lequel voyage le Christ-Soleil plus loin dans l'histoire, alors que le bon sens voudrait le voir à dos de chameau, il porte la croix sur son échine avant de porter le Christ, comme le Golgotha/crâne porte le Christ par l'intermédiaire d'une croix, mais ceci encore est une autre histoire... En attendant de la raconter une prochaine fois, remarquons que l'idée de lumière mise en mouvement par le souffle se retrouve dans d'autres traditions. Ainsi, dans le Secret de la Fleur d'Or, un classique chinois, le travail du souffle s'appelle "La révolution de la lumière". 

Donc en plein hiver, personne ne voit notre Christ. C'est pour cela que les Rois Mages viennent l'adorer seulement à l'épiphanie, au 6 janvier, moment où l'augmentation de la lumière solaire devient sensible et visible. Qui dit mages et magie dit illusion, et ils sont trois... En Inde, les Ecritures disent que la conscience est maintenue dans l'illusion par les trois Gunas, Tamas, Rajas et Sattva, donc l'interaction, les "sortilèges" enchainent à la création physique.

Ce sont nos Rois Mages, et les cadeaux qu'ils portent le confirme. L'encens en tant qu'odeur est tamas, comme l'odeur du poisson dans le Mahabharata :-) L'encens en tant qu'offrande passive et intéressée aux dieux symbolise la paresse tamasique. La myrrhe, dont on fait alors des médicaments astringents (brûlants, desséchants), et aussi un parfum érotique symbolise le désir rajasique. Enfin l'or, par sa nature stable et le confort matériel et la satisfaction des désirs qu'il apporte symbolise l'équilibre sattvique.

Mais par le pranayama, une lumière, première manifestation de la conscience christique, apparait à l'intérieur de la tête. Et à terme cette lumière, un point brillant comme une étoile, va subjuguer les gunas. Et voici que nos Rois Mages voient et suivent l'étoile et quand ils arrivent au lieu où elle réside (ou qu'elle désigne) ils éprouvent une grande joie, la joie de la méditation, et ils déposent leurs cadeaux, c'est-à-dire qu'ils abandonnent leur nature "d'enchaineurs à la création" et adorent Christ.

Ceci peut encore être lu à un niveau un petit peu plus profond. En effet dans la méditation, il arrive que l'on perçoive intérieurement une odeur très proche de l'encens ou du bois de santal. C'est l'odeur de la Kundalini. A ce stade, le méditant doit abandonner cette odeur enivrante, sous peine de tomber dans un état tamasique. Ce stade doit être dépassé et l'encens doit être offert à Christ. De même le méditant qui commence à obtenir des résultats, va en éprouver de la fierté, et peut retomber sous l'esclavage brûlant et desséchant de l'ego et de son cortège de désir. Ce stade doit être dépassé, et la myrrhe doit être offerte à Christ. Enfin l'or, symbole de la lumière intérieure qui brille comme un soleil devra lui aussi être abandonné, pour aller encore au-delà.

Comme nous l'avons vu récemment à propos des trompettes de Jéricho, pour un yogi, les Ecritures et les grands symboles religieux racontent, souvent avec une étonnante précision, ce qui se passe lors de la pratique. Ainsi l'histoire de la crèche raconte la fin du pranayama et le début de la méditation. Il n'y manque que le son de flûte qui est entendu intérieurement à ce moment là. Quoique... "Il est né le divin enfant, jouez hautbois, résonnez musettes"... :-) 

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