Ce billet m'a été inspiré par un visiteur qui demande sur le forum quelle nourriture est adaptée à la méditation. Je vais essayer d'y répondre en étendant le sujet. En effet, plus généralement, la question des conditions matérielles favorables à la méditation est souvent posée. Lieu, habitat, tenue vestimentaire, nourriture sont autant de points qui viennent occuper l'esprit de celui qui se lance dans la méditation.
Et le problème de toutes ces conditions, c'est qu'elles occupent l'esprit justement. Celui ou celle qui entreprend la méditation va y chercher une conscience élargie, ou au moins un apaisement. Disons de meilleures conditions intérieures. Si ces conditions ne sont pas encore présentes en celui qui médite, c'est que quelque chose s'y oppose et fait de la résistance. Ce quelque chose se trouve sans doute en celui qui médite. Appelons le, pour faire simple, l'ego, qui ne veut pas changer, et qui sait bien quelque part que la méditation provoquera des changements. Il est vrai aussi qu'au départ c'est l'égo qui entreprend la méditation, paradoxalement :-). Bref ça tiraille à l'intérieur. Et même s'il y a une véritable aspiration, la nature de l'ego est au final de chercher às'y opposer par tous les moyens. Donc...
Aucune importance
Car si on accorde de l'attention aux conditions matérielles, systématiquement il y aura quelque chose qui n'ira pas. Le lieu ne sera pas propice et on se dira "quand je serai dans un autre endroit, je commencerai". Et en attendant on ne fait rien. Ma maison n'est pas adaptée. "Quand j'ai déménagé ou quand j'aurai fait des travaux, je commencerai". Et en attendant on ne fait rien. Où si l'on commence malgré tout, très vite, on se dira: "Je n'arrive à rien dans ces conditions". Et on laisse tomber. Ou alors, on se dit qu'il faut avoir une tenue en accord avec l'image d'Epinal. Un problème très occidental ça. Dès que l'on se lance dans un sport, ou quelque chose de similaire, on achète "la tenue". Mais pour la méditation, ça ne va pas. A si bien se sentir dans le rôle, grâce à la tenue, on va passer à côté à coup sûr. On pourrait dire de même des décorums, de l'encens, etc. Cette satisfaction passagère de l'ego n'est en effet pas du tout ce que la méditation doit apporter.
Simplicité, sincérité, détachement
Il est important de laisser tout ça de côté. Celui qui entreprend la méditation à tout ce qu'il faut avec lui, à savoir lui-même et son souffle. On doit avant tout faire, et ne pas se saborder par l'attente d'un résultat. Les résultats viendront, c'est certain, mais pas le premier jour, c'est certain également. Et pas non plus sur rendez-vous, à l'issue de la séance de la méditation. Il est donc faux de se dire: "aujourd'hui j'ai raté ma méditation parce qu'il y avait du bruit". Un travail a été fait malgré tout et il portera ses fruits. Convaincu de cela, il est plus pertinent d'analyser à fond ce sentiment d'avoir raté. Est-ce vraiment à cause de l'extérieur, ou est-ce plutôt en raison de quelque chose de plus intérieur ? Et enfin quoi qu'il arrive, il faut être enthousiaste, sincère. Dans les Yoga Sutra, il n'est pas dit qu'il faille s'épuiser à réunir des conditions matérielles supposées favorables. Par contre il est dit:
Tîvrasamvegânâmâsannah I-21
Ceux qui ont une urgence intense sont tout proches (du but)
Et aussi
Mridu madhyâdhimâtratvâttatopi vishesah
Dans l'application des moyens (du yoga), l'intensité de l'ardeur fait la différence (dans la rapidité à atteindre le but)
Donc faire et ne pas se freiner en se prenant la tête avec des questions matérielles quelconques.
La nourriture
Et, bien entendu, le conseil s'applique à la nourriture. Se questionner avec ça est un excellent moyen d'échouer. "Il faudrait que je devienne végétarien, mais ça m'est trop difficile", etc.
Les vaches sont végétariennes, mais pas forcément très spirituelles. Jésus n'était pas végétarien et il buvait du vin. Mais sa spiritualité n'est pas mise en cause :-) La nourriture ne doit pas être un empoisonnement, sinon on est lourd et cela nuit à la méditation. Pire, elle peut rendre malade. Donc, simplement manger légèrement. Au final, il est certes important de bien se nourrir. La santé du corps c'est important. Mais ce n'est pas plus important que cela et il vaut mieux se lancer dans la méditation et laisser les habitudes alimentaires évoluer naturellement, petit à petit, que d'essayer de changer toutes ses habitudes pour finalement se dire que c'est impossible, et tout laisser tomber.
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